Un air au loin

C’est le chant d’un oiseau endormi dans les sables.

La liesse augurale que l’aube

verse au sol brûlant…

C’est l’aire des roseaux

qui ouvre pour le vent l’alignement des ocres.

Venu de loin, relayé au-delà des murets par quelque berger peut-être,

jailli de sa gaine sonore,

pure vibration de l’air qui le porte,

le lotus déplie

mélodieuse

lieuse étirée jusqu’au seuil des terres,

sa tige d’affidée…

Et le temps se creuse.

Ligne aventurée au ciel blanc des sables

les couleurs s'échangent.

Dans le bleu profond s'étale la nacre des roses...

Puis quand tout se tait et qu'il est encore

un son quelque part

et que plus près

sa trace doucement s'apaise,

le soir porte aux lèvres

la voix intérieure

extasiée...

Anne Charrade 2009