AU POÈTE

 

L'amble léger d'un corps blanchi par l'horizon

déplace dans le large la batiste

rêveuse sur ses attaches fuselées

où se suspend l'oubli comme une amure...

 

Le vent, simple veneur de chances sûres,

y vient défaire sa rumeur . Des courbes poreuses

elle attend sa refonte...

 

Pour le chant qui supplie, bien trop jeune prieure

l'enfant qui va dressant dans l'effluve du sel

et brûlée par le sable sa hampe droite !

 

Le cri guette son bras , le lointain la dérive,

insoucieuse du lent dépeuplement où sa fugue se creuse...

A son abord l'acmé du mal se brise...

 

O vous ,dont la main indivise

émut du jour les parentés secrètes,

 

gardez , tandis qu'elle si fragilement mise

et que s'enroule à votre bras l'heure noueuse

et chaude , bleuâtre comme la chute accoutumée des soirs,

 

gardez votre amoureuse!

 

Anne Charrade  Août 1987

 

 

 

 

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