Le figuier d'Anopoli
En montant vers Anopoli, en direction de la forteresse byzantine Eptapyrgia, je fus arrêtée soudain par l’odeur des figuiers. Je me retournai, cherchai dans les petits jardins qui entouraient les maisons. La végétation rare à cet endroit se courbait sous la chaleur et mes pas soulevaient un peu de terre sèche qui retombait mollement. Seul un bosquet d'arbres à ma gauche gardait sa vigueur et de ses branches s'échappaient de joyeux chants d'oiseaux. Et tandis qu'il parcourait l'espace autour de lui, s'égarant même jusqu'au bas des ruelles qui plongeaient dans la mer, mon regard ne trouvait nulle part les longues branches noueuses du figuier auxquelles il était habitué. Son odeur seule en maintenait la présence .
Je le vis enfin, au milieu des maisons dont les travaux en cours donnaient une impression mitigée de délabrement mêlé à un renouveau imminent, lui, unique, poussant ses branches vers le ciel, dans une cour minuscule cimentée et encombrée de caisses. Malgré son emplacement pitoyable il étalait sa force tranquille. Et son arôme m'enveloppait, comme un défi porté aux forêts du Taygète ou aux lointaines plaines d'Amphissa.
Anne Charrade
fin septembre 2023
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