sur « Après une lecture de Dante » musique de Liszt
(deux voix se croisent, l’une de la Terre, l’autre portée vers le ciel)
Ici de basses terres: Ma douce de veille claire, de chances au ciel
d’où se retire la marée des nuits …
Là-bas de haute venue: Je ne me souvenais pas du bleu d’émail
de ces yeux chargés d’abîmes …
Et ce regard aigu, et pourtant dévié, vibrant aux profondeurs
des errances non dites, était-ce mon regard ?
Ici: Ma douce d’enlacements aux branches d’ambre fragile,
je connais seul l’escarpement aérien de ta rencontre …
Là-bas: J’avance à demi pour en recueillir l’eau pure et durcie
qui semble glisser hors de ce visage…
O ma joie fixe, mon émoi, qui me séparent
dans l’éblouissement d’une beauté incomprise !
Ici: Parfois ta voix s’ouvre, au-dessous coule un torrent léger
qui charrie, avec ses herbes et ses pierres polies,
mon corps abandonné …
Là-bas, en d’indiscernables emprises: J’attends l’éclair lointain
qui m’en revient, lesté de richesses intactes brûlées d’absolu…
Ici, en d’insistances suppliées: J’attends ta douceur d’étamine
versant sur mes lèvres sa caresse indécise …
Là-bas: Qui d’autre que moi entend frémir d’inquiètes résonances ?
Je suis le champ bouleversé de leurs souffles qui tremblent!
l’alliance perdue et parcourue sans cesse, où tout se croise et tout s’efface !
Du large où il s’endigue: Ici ta matinale retombée
me dit l’enchantement reconnu de nos parcours!
De l’abrupt dont elle est un instant l’allonge:
J’ai, comme feuille éclose,
comme rosace aux feuillets mal joints,
ma souffrance qu’on déplie là-bas …
Ici: O ma choyée, ma souveraine! j’ai pour moi le secours
de ta main dépolie sur la vitre du jour,
qui tisse sans savoir son treillis de lumière,
d’ailes et de soies nouées autour de mon amour …
Anne Charrade Novembre 2001
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