Paul

 

Mon amour t'a trouvé avant que je m'éveille.

Tandis que je n'ose dans la cécité de mon corps

déplier son vertige,

lui d'une autre hardiesse,

s'est glissé jusqu'à ton visage.

Il suit la forme de tes doigts.

Il sait le rythme de ta voix .

Son aile repliée joue contre ta paupière.

 

Par quelle liberté

a-t-il pu rejoindre

le cri perdu dans ton silence,

me laissant au revers de ma mémoire

heurter, dans le recul d'une écoute prudente

l'opacité autour de moi ?

 

Les yeux fermés

je l'entends venir prendre

le chant qui naît en moi

et qu'il porte à tes lèvres...

Et par lui avant que tu m'éveilles

je sais ta présence réelle.

Anne Charrade 1998

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